Qui est Klimt ?
Solitaire et timide, Gustav Klimt est le fondateur de la Sécession viennoise et le maître du Jugendstil. Il crée un art symboliste, sensuel et onirique, où il célèbre la femme. Les motifs ornementaux, géométriques et décoratif, en aplats vivement colorés, parfois sur fond d’or ou d’argent, les courbes linéaires stylisées en un lacis de méandres caractérisent son œuvre.
Klimt peint la femme plurielle, dans sa dimension allégorique, mythologique et symbolique ou sous forme de portraits, souvent mondains. Il célèbre le paysage en des formats variés, élabore des fresques et des mosaïques de très grand format, des portraits parfois carrés, en pied, souvent grandeur nature.
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L’artiste, qui a reçu une formation classique, est cependant sensible aux artistes de la modernité: F. Khnopff, J. Toorop, etc.
Gustav Klimt découvre à Ravenne les mosaïques byzantines, à Londres J. Whistler, à Paris le post-impressionnisme et en Roumanie la vivacité du coloris dans l’art.
Klimt est formé à la peinture d’Histoire, dans la lignée des Autrichiens Laufberger, Makart ou A. Romako. Ses premiers décors, académiques et naturalistes, rappellent l’art des Carrache, de Michel-Ange et des maîtres du Quattrocento. Le duo Klimt-Matsch développe l’allégorie classique.
Klimt maîtrise le «réalisme photographique» (la Salle de l’ancien Burgtheater de Vienne).
Puis il s’oriente vers le symbolisme (l’Amour), représente le songe par des éléments allégoriques: têtes flottantes, couleurs tendres, mélancolie de la beauté. Les symboles se multipliait: le sphinx pour la liberté de l’artiste, la boule d’akènes à aigrette du pissenlit pour la diffusion des idées nouvelles.
Ses portraits classiques, langoureux et mélancoliques, des belles Viennoises rappellent la facture vaporeuse de J. Whistler et les compositions préraphaélites aux têtes auréolées de fleurs.
Les fleurs et les têtes à demi visibles dans le fond des tableaux ont, dans le sillage du Belge F Khnopff, une forte valeur symbolique.
Ses paysages, classiques et naturalistes, puis sombres et sentimentaux, deviennent impressionnistes .
Son modernisme ne se départ pas du goût pour le mythe classique ; Klimt le réactualise à la lumière de la psychanalyse naissante. Ses œuvres portent la marque de la dualité entre Éros et Thanatos, la Vie et la Mort, le réel et le rêve. Il substitue l’allégorie « idéalisée » à la représentation symboliste, introduit des innovations formelles: sa stylisation des formes s’accompagne d’une planéité de l’espace issue du japonisme, des nabis, de Toorop.
L’artiste excelle dans la phase dite «géométrisante» et dorée du Jugendstil (la frise de Beethoven) : «L’ornement de Klimt se développe, s’enroule, se replie en spirales, serpente, s’entortille, en un tourbillon impétueux qui prend toutes les formes, zébrures d’éclairs et langues de serpents dardées, entrelacs de vignes, flexuosité des chaînes, voiles ruisselants, filets tendus» .
Klimt peint des silhouettes délicates, au contour ferme et sans ombre, éclairées de manière neutre et campées dans des compositions asymétriques qui m’inspire dans certaines de mes peintures contemporaines. Les corps semblent flotter dans l’espace et fusionnent parfois avec l’eau (Eaux mouvantes). La distribution des vides et des pleins crée un rythme de l’œuvre. Le décor ornemental précieux et linéaire d’où émergent à peine les figures humaines envahit l’espace de la toile. Si les surfaces dorées et les motifs suggèrent la mosaïque byzantine, d’autres œuvres se rapprochent des enluminures très colorées de l’Antiquité tardive, de l’art égyptien, mycénien, celtique, empruntent aux éléments curvilignes des estampes japonaises et aux arabesques pures de l’Art nouveau.
Klimt élabore des esquisses sur carton ou parchemin, à la détrempe, mêlant aquarelle, purpurine, argent, crayon blanc de feldspath, argent et or en feuille sur un support de papier, afin que le projet se rapproche le plus possible, techniquement, de l’exécution définitive (la frise Stoclet).
Il peint aussi à la caséine sur un treillis enduit de stuc (la frise Beethoven). Les mosaïques, raffinées, s’enrichissent d’émail, de pierre dure, de verre coloré.
Ses portraits de femmes s’enveloppent d’entrelacs, de motifs géométriques, de dorures et d’argentures, posés en aplats. Seules les mains très fines et l’érotisme des visages sensuels, à la chevelure abondante, renvoient encore à la réalité, dans une facture finement hachurée comme chez Khnopff.
Les paysages du début des années 1900 révèlent une touche pointilliste inspirée de Seurat (le Poirier) ou en virgules, une palette colorée d’une intensité égale à celle de Van Gogh (la Forêt de hêtres). Puis, Klimt relève ou abaisse la ligne d’horizon au point que le paysage se présente dans toute sa verticalité, annulant le volume (le Parc). Les compositions fragmentées, découpées de manière linéaire, témoignent de son sens de la dissymétrie et de l’enchevêtrement des formes, des matières, des motifs et des teintes.
Après 1910, le peintre ne réalise plus de décor, abandonne le fond or; ses portraits, de coloris neutre, blanc argenté et brun noir, ou vif, sont peints à mi-corps; la facture brossée le rapproche de Toulouse-Lautrec. Les portraits en pied sont chargés de motifs décoratifs coréens et roumains où dominent des coloris flamboyants: orangé, rouge et rosé. À la perspective montante à effet pyramidal (le Berceau) ou plongeante (la Jeune Fille) s’allie un relâchement de la précision décorative : les amalgames de tissus se déstructurent, la pâte est plus étalée.
Les paysages retrouvent de la profondeur. Klimt introduit des éléments ruraux: une ferme, des maisons, un plan d’eau ou des poulets. Les motifs deviennent plus abstraits, pré-expressionnistes.
Klimt connaît le succès de son vivant comme décorateur puis comme artiste peintre.
Il subit une longue éclipse avant que le succès populaire et la diffusion de son œuvre ne deviennent internationaux.
Il se distingue de l’institution autrichienne, nationaliste et académique, en imposant le Jugendstil ; il cherche à abolir la frontière entre peinture et arts appliqués, à élever l’art décoratif au rang des arts majeurs. Il réalise la synthèse de l’Art nouveau et du symbolisme.
Klimt renouvelle la représentation sensuelle et érotique de la femme. Il illustre des thèmes tabous : la grossesse, l’auto-érotisme, l’homosexualité féminine.
Ce maître du décor invente le style géométrique, alternant des cercles, des rectangles et des triangles, qu’il peint en aplats colorés sur un fond de feuilles d’or pur et de papier doré collé, qu’il embellit de pierres et d’émaux.